LUIS GUERRA
Seminario performativo lógicas de lo indomiciliado
día 2
16.11.2018
18 - 20 hrs.
del espacio pedagógico de la tentativa
¿Dónde? ¿Dónde ocurre la tentativa? En un lugar del sur de Francia, sí podemos destacarla, ampliarla en algún mapa, buscarla y determinarla en su condición geopolítica, pero, y a pesar de la importancia que ese estar de su darse en la tentativa, entre el bosque, el caer de ríos, las piedras, la desposesión ab-soluta que materialmente con-forma a la tentativa, lo cierto es que la pregunta sigue abierta como medio mismo de su aparecerse. ¿Dónde acontece la Tentativa? ¿Es en este caso de la tentativa delignyana en-entre los cuerpos? ¿Es en efecto a la distancia de la ciudad? ¿Es en el trayecto? ¿En los silencios, en los gestos? Un elemento que traeré a colación del seminario es la narración sobre la actividad del día a día en la Tentativa, escrito por Jack Lin. La aparente “irrelevancia” de los actos, parecía constituir por sí mismo esa necesaria espacialidad de una pedagogía que “intentaba” no educar, no curar, no disciplinar.
Témoignage de Jacques Lin autour des lignes d’erre de Fernand Deligny, 8 de abril 2008
"1. Le croire et le craindre
« La réalité est là, table, bol, chaise. Si je n’y étais pas, là, bol et chaise seraient là quand même, ce qui suppose que je me distingue de la réalité – en tant qu’être conscient d’être.
Mais si l’être ne se distingue pas de cette réalité extérieure ?
À chaque fois que table, bol et chaise vont être retrouvés, c’est bien de retrouvailles qu’il s’agit.
Alors que, pour nous, c’est quand même la moindre des choses que de pouvoir nous attendre à ce que des choses, en réalité, ne bougent pas, ne s’en aillent pas en notre absence, il n’en est pas de même pour l’être qui ne se distingue pas de cette réalité qui, retrouvée, est la bienvenue. Il y avait donc quelque inquiétude à ce sujet ?
Sans doute ; et ce qu’il m’est arrivé de désigner comme étant le craindre est tramé de cette incertitude.
Alors que, pour nous, il ne s’agit que de croire à l’existence de la réalité – c’est-à-dire de croire à notre existence indépendante – on comprend bien que l’être qui n’a pas conscience d’être et d’être à part, distinct du bol, de la chaise et de la table, n’ait pas cette assurance.
D’où la minutie des contrôles incoercibles et répétés d’une constellation de choses dont la permanence peut persister à travers les jours, les semaines, les mois et les années, si bien que nous assistons à des retrouvailles qui relèvent du prodige, la chose retrouvée appartenant à un moment depuis longtemps oublié.
C’est que la constellation des choses n’a rien à voir avec ce que nous condensons dans le moment, ce moment étant un certain moment dans notre temps d’être conscient d’être et qui ne fait que passer, passer étant un verbe qui évoque une traversée alors qu’il s’agit d’élaborer au passé, ne serait-ce que pour nous sentir présents."
Fernand Deligny, L’Arachnéen et autres textes, Paris, L’Arachnéen, 2008, p. 42
Seminar day 2, after the meeting.